Archéologie

Relevés pariétaux dans l’abri de la Chenaillette (RNHCJ, Pays de Gex)

M.Cartonnet, Bernard Vivier, B.Valton

Le « symbole » solaire de Minvielle

Essai photos sur support créant un carroyage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gravures

Gravures

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Analyse des gravures de l’abri de la Chenaillette  (P. Hameau)

Le premier souci ici est celui de la conservation des figures dans le temps long. Même si des motifs ont été gravés anciennement, il semble que les conditions atmosphériques n’aient pas été propices à leur conservation.

Dans tous les cas, les motifs qu’on observe semblent « récents », c’est-à-dire des périodes modernes et contemporaines : peut-être un millésime de 1796, les autres millésimes des XIXe et XX e siècles. On ne retrouve aucun groupe iconographique assimilable à l’expression schématique linéaire (médiévale au sens large), tout au plus quelques motifs qui en sont les survivances (signe en chevron, réticulé, marelle). On observe aussi quelques compositions de traits obliques, peut-être une ou deux figures assimilables à des motifs anthropomorphes, mais rien qui signe des corpus anciens, en tout cas rien de préhistorique.

Aux périodes modernes et contemporaines, l’iconographie de la Chenaillette est bien celle qu’on connaît sur d’autres sites : patronymes ou initiales, les plus anciens en lettres pattées (rapprochement des inscriptions officielles), parfois dans des cartouches quadrangulaires, en forme de blason ou en forme de cœur (3 exemplaires de cœurs avec initiales et une date pour l’un d’eux). Dans deux cas, le trait qui souligne les patronymes ou les initiales semblent avoir la fonction de les rassembler (plusieurs individus venus en même temps ?). Une croix latine (parfois pattée) peut être juxtaposée aux noms ou initiales (mise sous protection). A plusieurs endroits, la roche a été comme martelée (impacts concis rapprochés).

L’ensemble de ces motifs exprime le passage d’individus essentiellement masculins mais ne dit rien d’autre du statut de l’abri. A même époque, on pourrait avoir un abri fréquenté par des conscrits ou pour une dévolution religieuse, etc. : rien ne l’évoque. Quelques initiales et motifs pourraient indiquer le passage de militaires mais cela reste difficile à démontrer.

Les motifs de l’abri de la Chenaillette ont leurs homologues gravés sur les portes de la bergerie-refuge proche : patronymes, croix latine, blason aux deux clefs, millésime (1899), patronyme dans une guirlande végétale, patronyme dans un cartouche.

 

Fouilles dans la gr de L’ours (Divonne RNHCJ)

Philippe, Nicole Jonard, J. Romestan, D.Ariano, B.Chirol, B.Valton

Sondage stratigraphique

Tamisage

Poli

Griffades

La grande litière

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bilan préliminaire (M. Philippe)

La fouille de la « grotte de l’Ours », à Divonne-les-Bains, s’est déroulée comme prévu du 25 août au 1er septembre. Une visite en vue de préparer l’opération avait été effectuée le 4 juillet, ce qui a permis de gagner du temps et d’être opérationnels dès le début de la fouille.

Les objectifs que nous nous étions fixés ont été atteints, même si les résultats espérés n’ont pas toujours été au rendez-vous. Cette grotte ayant de nombreux et remarquables indices de fréquentation par de grands animaux tels que blaireaux et ours (polis, griffades, litière, bauge), l’étude a essentiellement porté sur leur repérage, leur description et analyse. Mais il fallait également vérifier si la cavité recélait des indices de fréquentation anthropique.

Le sondage de reconnaissance stratigraphique, entrepris près de l’entrée de la cavité, sur le passage obligé, a été conduit sur environ 70 cm de profondeur, jusqu’à la roche encaissante. 7 unités stratigraphiques ont été reconnues et ont fait l’objet de prélèvements en vue d’analyses sédimentologiques. Il n’a livré aucun indice de fréquentation anthropique mais seulement des ossements de vertébrés apparemment holocènes et même récents (quelques ossement de blaireau, un oiseau, d’assez nombreux restes de batraciens, de rares vestiges de rongeurs,…), des coquilles de gastéropodes (6 ou 7 espèces différentes), et des graines (au moins 3 sortes). Tout au plus peut-on mentionner la présence d’un charbon de bois, bien en place dans l’US 4 et prélevé en vue d’une éventuelle datation par le radiocarbone, mais rien ne permet de dire s’il s’agit d’un apport imputable à l’homme.

D’importantes litières, bien visibles, sont présentes sur une vingtaine de mètres de longueur, depuis une première salle située peu après le sondage jusqu’à une plus grande salle offrant des stalagmites en forme de massue. Ces litières ne sont pas récentes car relativement indurées, nettement compostées, totalement inodores et en partie soutirées, aspirées par le vide qui existe le long de la paroi gauche (paroi est) au cours de l’histoire de l’évolution de la cavité. Sans doute s’agit-il de vieilles litières résultant d’une très longue fréquentation de la grotte par les blaireaux puisque le rafraîchissement d’une coupe naturelle, sur plusieurs mètres de longueur, a mis en évidence des « pots » creusés dans le niveau inférieur, apparemment très ancien et parfaitement stérile, comme les blaireaux ont l’habitude de faire pour y déposer leurs excréments. Les quelque 5 à 6 seaux provenant du rafraîchissement de cette coupe ont été tamisés et triés. Comme dans le sondage, ils ont livré essentiellement des ossements de batraciens, de rongeurs et des coquilles de gastéropodes. Un carottage, sur toute la hauteur de cette litière (50 cm) a été effectué, 5 cm par 5 cm, en vue d’éventuelles analyses polliniques.

C’est au sommet d’une litière du même genre, un peu plus loin dans la galerie, qu’une bauge d’environ 1,50 m de diamètre pour une quinzaine de cm de profondeur, avec encore des brindilles de branchages pas totalement décomposées avait été repérée lors d’une première visite, le 2 octobre 2016. Comme des polis et de larges griffades imputables à de l’ours se trouvent à proximité immédiate, j’avais émis l’hypothèse qu’il s’agissait d’une bauge d’un des derniers ours bruns ayant vécu dans le Jura (fin du XIXème, tout début du XXème siècle). Mais, vu le contexte général, et sachant que les blaireaux peuvent creuser des bauges aussi grandes qu’ils tapissent parfois de végétaux (herbes et petits branchages) – communication orale de Daniel Ariagno, l’un des fouilleurs et qui s’intéresse particulièrement à l’éthologie du blaireau – nous pensons que cette bauge est plus vraisemblablement celle de blaireaux que d’ours. Deux brindilles de bois ont été prélevées en vue d’une datation de cette bauge et deux prélèvements de sédiments ont été effectués pour tenter de confirmer s’il s’agit bien d’une bauge de blaireau par une analyse d’ADN.

Ainsi que nous avions proposé de le faire, nous avons procédé à un repérage minutieux de tous les polis et des nombreuses griffades visibles jusqu’au plus profond de la cavité. Tous ces indices ont été positionnés le plus précisément possible sur une topographie, de nombreuses photos ont été réalisées, des mensurations des griffades (le plus généralement : écartement entre deux traces de griffes et, dans le cas de coups de pattes bien individualisés : largeur totale de la griffade). A noter que, pour réaliser ce repérage et pointer ces indices sur le plan de la grotte, nous avons été obligés de reprendre totalement la topographie qui avait été faite en août 2016. Il s’avère que, si certaines petites griffades seraient tout à fait compatibles avec celles de blaireaux, la grande majorité correspond à des griffades nettement trop larges pour de tels Mustélidés (écartement entre deux doigts allant jusqu’à 27 mm, et même 33 mm pour un cas extrême!). Nous pouvons en déduire que la plus grande partie des polis et des griffades sont donc attribuables à de l’ours. Cette hypothèse est confortée par le fait qu’en rafraîchissant la litière (cf. supra), nous avons pu constater que la litière en question avait été mise en place postérieurement aux griffades puisque la paroi rocheuse était nettement griffée sur toute la hauteur de la litière plaquée contre elle. Nous sommes là en présence d’une « stratigraphie relative » tout à fait significative.

Enfin, nous avons également repéré, pointé sur le plan général de la cavité et prélevé un certain nombre d’ossements qui gisaient sur le sol de la grotte afin de procéder à leur détermination et, si besoin, faire des datations radiocarbone. 16 loci nous ont ainsi livré un seul ou parfois quelques ossements. De même, avec l’accord des responsables de la Réserve naturelle de la Haute Chaîne du Jura, nous avons prélevé une petite stalagmite déjà désolidarisée de son support en vue de datations par U/Th et d’analyse paléoclimatique.

Pour conclure, la grotte dite « de l’Ours » de Divonne-les-Bains ne semble pas avoir été l’objet de fréquentation anthropique. Par contre, de nombreux indices de fréquentation par de grands animaux tels que blaireaux et ours sont présents et méritent d’être étudiés de plus près. Le problème soulevé par une bauge qu’à priori on pouvait attribuer à l’ours mais qui est plus vraisemblablement celle de blaireaux permettra sans doute de faire progresser les connaissances en ce domaine et de mieux discriminer ce qui revient à chacun de ces animaux troglophiles , alors que, jusqu’à présent, tout archéologue ou simple spéléologue découvrant une telle bauge l’attribuait d’office à l’ours, et même généralement à l’ours des cavernes.

Griffades sur mondmilch

Clichés M. Philippe